AUTOMOBILE - Un autre constructeur français a succombé à la tentation de faire du neuf avec du vieux, en ressuscitant un modèle de son panthéon. Cette fois il s'agit de Renault, qui a annoncé lundi 5 novembre la renaissance de son modèle sportif Alpine. La célèbre "berlinette", connue pour ses exploits dans les rallyes des années 1970, devrait être disponible d'ici quatre ans, a indiqué le PDG de la marque au losange, Carlos Ghosn.
Mais Renault n'est pas le premier à s'engouffrer dans cette vague du néo-rétro. Avant lui, Citroën en France avec la ligne DS, mais aussi Ford, Volskwagen, Mini ou Fiat s'étaient emparés de ce marché très florissant.
"Le phénomène a fait son apparition en 1994, avec la sortie de la Ford Mustang SN95", indique au HuffPost Bertrand Rakoto, consultant automobile chez RL Polk. "Les lignes de la carrosserie reprenaient déjà quelques éléments des premiers modèles des années 1960", rappelle-t-il.
"Un ancrage fort dans l'inconscient collectif"
D'autres constructeurs ont ensuite repris le flambeau à la fin des années 1990, comme l'Allemand Volkswagen et sa New Beetle, qui s'inspire fortement de la Coccinelle. Vient aussi Chrysler et son PT Cruiser, qui reprend des éléments des anciens modèles de la marque, tout en concevant un nouveau véhicule.
"Le point commun de toutes ces voitures se cristallise autour d'un ancrage fort dans l'inconscient collectif", note Bertrand Rakoto. Qui n'a pas en tête la série de films sur la Coccinelle, débutée en 1968 par Un amour de Coccinelle et popularisée par Walt Disney ? La Ford Mustang a de son côté gagné ses lettres de noblesse en apparaissant aux côtés de Steve McQueen dans le mythique Bullitt (1968).

"On a eu l'habitude de revoir régulièrement ces véhicules, ce qui les a donc empêchés de disparaître", précise le spécialiste. "Si ça avait été le cas, les marques n'auraient eu aucun intérêt à les faire renaître". Il y a donc une notion d'image importante, en contribuant à rappeler le passé d'un constructeur.
Redonner un coup de fouet après des années d'errements
Et avoir recours à la renaissance d'un modèle peut également redorer l'image d'une marque qui se serait un peu perdue au fil des ans. C'est le cas de Fiat, qui par l'intermédiaire de sa 500 s'est donné un coup de fouet après des errements stylistiques(la Multipla notamment). "Dans certains cas, le niveau des ventes n'est pas l'argument principal", indique Bertrand Rakoto, "elle peut en revanche s'avérer très utile pour redonner des lettres de noblesse".
Dans la plupart des cas, cela se traduit tout de même lors du passage en caisse. Car le vintage a un prix. "Pour l'Alpine, Renault en profite pour proposer un modèle un peu plus haut de gamme que son segment habituel", explique Betrand Rakoto, qui note toutefois que les prétentions de prix ne sont pas aberrantes. En effet, Renault devrait proposer son Alpine entre 35.000 et 40.000 euros, "ce qui est bien moins qu'une Porsche", située sur le même segment des "berlinettes", a indiqué le constructeur.
Les modèles véhiculant cet esprit néo-rétro sont avant tout destinés à "des gens qui se font plaisir", analyse le cabinet RL Polk. "Mais même s'il faut investir une somme conséquente, de nombreuses catégories socio-professionnelles apparaissent dans le coeur de cible des constructeurs."
Et dans le plaisir, il y a aussi la personnalisation du modèle, poussé à son paroxysme chez ce type de voitures. Ça va de la couleur des rétroviseurs, aux stickers du toit, en passant par la forme des jantes... "Sur un modèle comme la Mini, on atteint rapidement les 10.000 euros déboursés dans des options supplémentaires", note Bertrand Rakoto. On comprend mieux le pari de Renault, qui pourrait également sortir une nouvelle version de sa célèbre R5...